En psychologie, qu’est ce que le bonheur ?

La recherche du bonheur est, très souvent, la raison pour laquelle les patients viennent me voir.
Ils veulent « que ça aille mieux », « arrêter de souffrir », « être heureux », etc…

Les ouvrages se multiplient pour nous donner la recette du bonheur. Ils nous donnent des conseils, voire un mode d’emploi, pour nous permettre d’être heureux à 100% et pour toujours.
Freud l’évoque, lui aussi. Il précise que les humains « aspirent au bonheur, ils veulent devenir heureux et le rester »

Chacun veut sa part de bonheur, peu importe ce que cela veut dire, pourvu qu’on en profite ! 

Cette exigence de bonheur est une recherche obsessionnelle de perfection : il FAUT vivre heureux, ou du moins il faut SE MONTRER heureux.

On est tous d’accord sur le mot, tous d’accord pour dire que c’est notre objectif, mais on ne sait pas ce que cela veut dire.
Le bonheur tout le monde en veut mais sans savoir ce que c’est !

« Le bonheur, c’est d’en connaître sa définition pour ne plus le chercher. »

Sonia Lahsaini

Et si on partait de la définition ?

Les dictionnaires définissent le bonheur comme « un état de la conscience pleinement satisfaite ».
Dans cette définition 2 mots sont importants :
——La satisfaction
—— La conscience

La satisfaction

Le bonheur serait lié à la satisfaction de tes besoins.
Ils sont nécessaires et indispensables à la vie.

La catégorisation la plus connue est la pyramide de Maslow qui hiérarchise les besoins :
⤳ les besoins physiologiques : la faim, la soif, le sommeil, etc…
⤳ le besoin de sécurité : financière, physique, morale, psychologique, etc…
⤳ le besoin d’appartenance et d’amour : aimer et être aimé, se sentir entouré, etc…
⤳ le besoin d’estime de soi : la considération, la reconnaissance, etc…
⤳ le besoin de réalisation de soi : exploiter et mettre en valeur son potentiel, se sentir utile, etc…

Ces « petites satisfactions » prises une à une ne sont pas suffisantes mais si tu en es privé alors il sera difficile pour toi d’être pleinement heureux. Ton sentiment de bonheur repose, en partie, sur la multiplication de ces petites satisfactions de tes besoins.
Mais cela ne suffit pas !

Freud évoque cette notion de satisfaction.
Selon lui, l’humain est soumis à une tension interne, source de déplaisir. Pour s’en défaire, il doit satisfaire ses pulsions, ce qui lui fait éprouver du plaisir.

La conscience

Même si tes besoins sont satisfaits, tu peux passer à côté du bonheur toute ta vie !
Être heureux suppose de prendre conscience de l’existence et de l’importance de ces satisfactions lorsqu’elles surviennent.

Si tu n’es pas conscient, tu ne reconnaîtras le bonheur que lorsqu’il ne sera plus là. Cette conscience nous fait donc aussi percevoir que ce bonheur est éphémère.
Une fois que tu le vis, tu souhaites tout faire pour le garder, avec la crainte qu’il ne dure pas.

Pour être heureux, il est donc nécessaire que tu cultives ta conscience, grâce à la gratitude !
Ce n’est pas une faculté innée, tu peux l’entraîner, comme un muscle.

💌 Par exemple, pour prendre conscience de ton bonheur, tu peux tenir un journal de gratitude.
Chaque jour, dans un petit carnet spécial, écris 3 à 5 choses qui te rendent heureux.


Le bonheur n’est pas le plaisir

Chaque propre a sa propre définition du bonheur.
Pour certains, le bonheur renvoie à la stabilité, il s’inscrit forcément dans la durée. Pour d’autres, le bonheur est éphémère, il est composé de courts instants intenses, riches en émotions.

Une solution a ce désaccord serait de différencier le bonheur du plaisir :
—– ⤳ Le plaisir serait une sensation, c’est-à-dire un instant intense mais de courte durée.
—– ⤳ Le bonheur serait un état permanent, moins puissant mais plus durable.

Le bonheur est donc évidemment lié au plaisir mais ne se réduit pas à cela.
En effet, en neurobiologie :
⇨ Le plaisir produit de la dopamine, une hormone addictive
⇨ Le bonheur produit de la sérotonine, une hormone anti-stress
Or, trop de dopamine sature les capteurs de sérotonine, donc trop de plaisir empêcherait l’accès au bonheur.

☝🏻 Le sucre ou la drogue sont de bons exemples !
Leur arrivée dans ton sang produit de la dopamine, elle offre un plaisir instantané mais éphémère.
Ces produits ne te rendent pas plus heureux sur le long terme, bien au contraire…

Pour parvenir au bonheur, ne cours pas après des petits plaisirs inutiles et temporaires, mais lis plutôt la suite de cet article !


Et le malheur alors ?

Une vie heureuse n’est pas une vie sans souffrances, tu as le droit d’être malheureux !
Je dirais même, être malheureux est incontournable ! Le malheur, que tu le veuilles ou non, fait et fera partie ton existence.

Et je vais te donner une raison de t’en réjouir !
Des études ont montré que plus le niveau de bien-être d’une personne est élevé, moins les événements heureux de sa vie contribuent à son bonheur. Quand tu es heureux, ce qui fait ton bonheur devient banal, le positif devient normal.

Un peu comme avec l’argent :
➛ plus tu en as, moins en avoir davantage te rend heureux
➛ moins tu en as, plus une petite somme provoque en toi une grande joie

😜 C’est assez logique en fait !
Lorsque tu es habitué à profiter d’une douche chaude tous les matins, tu ne sautes pas de joie à l’idée de te laver, mis à part lorsque ta chaudière a été en panne 1 semaine.

Les moments de malheurs mettent donc en valeur les moments de ta vie où tu es heureux.

« Le bonheur est un état d’esprit. Il s’agit de la façon dont vous regardez les choses. »

Walt Disney

Le bonheur en psychanalyse

Le bonheur n’est pas un concept psychanalytique mais il fait partie des questions fondamentales de l’être humain donc de nombreux psychanalystes l’évoquent.

Selon Freud, le bonheur comporte, à la fois, un but positif et un but négatif.
Il est dû à :
« un fort sentiment de plaisir »
« une absence de douleur et de déplaisir ».

Pour lui, le monde dans lequel on vit ne se prête pas au bonheur. Hommes et femmes aimeraient une vie uniquement faite de plaisir, mais l’environnement ne s’y prête pas 

Il invite donc chacun à chercher sa formule du bonheur : « il n’y a pas de conseil qui vaille pour tous ; chacun doit essayer de voir lui-même de quelle façon particulière il peut trouver la béatitude ».

Mais, si tu souhaites être heureux, tu ne dois pas chercher le bonheur mais plutôt fuir les souffrances. Il en identifie 3 sources :
——– ⤳ celles provenant du corps
——– ⤳ celles provenant du monde extérieur
——– ⤳ celles provenant des relations aux autres
Le malheur vient de la réalité et des autres.

💡 Le bonheur est donc confronté aux « possibilités de vie » qui viennent le limiter.
En psychanalyse, on dit que le principe de plaisir est limité par le principe de réalité.

Cette conception du bonheur n’est pas tout à fait vérifiée dans la réalité. Il y a beaucoup d’autres moyens d’être heureux qu’en fuyant les souffrances.
Une branche de la psychologie a fait du bonheur son thème de prédilection : La psychologie positive.

« Le bonheur est un rêve d’enfant réalisé dans l’âge adulte. »

Sigmund Freud

Une psychologie du bonheur :
La psychologie positive

La psychologie positive se centre, comme son nom l’indique, sur les émotions positives.
Contrairement à beaucoup d’autres courants de la psychologie qui se centrent sur les pathologies mentales, celui-ci s’intéresse aux gens qui ne sont pas malades mais qui veulent aller mieux.

Elle définit le bonheur comme un trait stable de la personnalité consistant à :
être globalement satisfait de sa vie
éprouver généralement des émotions agréables : joie, espoir, gratitude, etc…
éprouver rarement des émotions négatives : anxiété, jalousie, dépression, etc…

Pour Seligman, une vie heureuse implique une vie qui :
———- ⤳ soit source de plaisir
———- ⤳ ait du sens
———- ⤳ implique que l’individu se sente engagé

Le plaisir

Le plaisir provient des expériences de vie provoquant des émotions et des pensées positives.
Comme tu as déjà pu le lire, le bonheur consiste à multiplier les expériences positives et à minimiser les expériences négatives.

Mais à quoi cela sert si cela n’a pas de sens ?

Le sens

Les moments heureux doivent être intégrés dans une vision de l’existence pleine de sens.

Mettre du sens c’est agir pour réaliser des objectifs individuels ou collectifs.
Tes actions, tes activités, doivent contribuer à quelque chose, à toi-même ou à quelque chose de plus grand que toi.

Les études montrent que le plaisir et le sens se complètent, se renforcent, et même plus, ils sont nécessaires l’un à l’autre :
—-Les émotions positives aident à percevoir le sens de sa vie.
Les sentiments positifs permettent de mieux distinguer ce qui a du sens et ce qui n’en a pas.
—- Donner du sens à sa vie offre plus de chance d’éprouver des émotions positives.
Le sens de la vie permet, face aux difficultés, de retrouver plus facilement un état de calme.

L’engagement

L’engagement est un état de concentration idéal pour accomplir une activité.
Il s’agit de ressentir de l’un intérêt pour ce que tu fais, de t’y plonger pleinement, de repousser tes limites, de te trouver de nouveaux challenges, etc…

Le bonheur vient lorsque tu es vraiment engagé dans ta vie et dans ta relations aux autres.
Cela consiste à être pleinement dans le présent. Pour cela, la méditation de pleine conscience peut te guider.

🌸 Si tu présentes les trois conditions, alors tu as toutes les chances d’avoir une vie pleine de bonheur.

« Le bonheur est en nous, puisqu’en amitié comme en amour on jouit surtout de ce que l’on donne. »

Marie Valyère

Conclusion

Il est possible de « travailler » à son bonheur.

Mais il n’y a pas de recette miracle, pas de mode d’emploi ! Intuitivement, tu sais déjà ce qui est important pour ton bonheur. Il suffit que tu te poses la question de temps en temps.
Le bonheur n’est pas une découverte mais est une prise de conscience.

Au-delà d’une destination à atteindre, le bonheur est un voyage.
En effet, les efforts, les changements, qui mènent au bonheur, sont bénéfiques en eux-mêmes. 

🌺 Des études ont pu montrer que les personnes sur un chemin de développement personnel ont une vie plus belle et plus longue.

Si je dois te donner une réponse à la question posée dans le titre de cet article, je te dirai que le vrai bonheur, c’est de le chercher.


Bibliographie

Bourdin Dominique. « De la saveur du plaisir à l’art d’être heureux ? », Empan, vol. 86, no. 2, 2012, pp. 24-35.
Frydman René & Flis-Trèves Muriel. Recherche bonheur désespérément…Presses Universitaires de France, 2010.
Van Rillaer Jacques. La nouvelle gestion de soi. Ce qu’il faut faire pour vivre mieux. Mardaga, 2012

2 réflexions au sujet de « En psychologie, qu’est ce que le bonheur ? »

  1. Merci pour cet article, très juste !
    Et de rappeler que le bonheur se “travaille”, comme toute construction qui fait appel à nos valeurs profondes.
    Nos valeurs sont le moteur de notre construction individuelle. Quand ce ne sont plus elles qui nous conduisent, l’impasse n’est pas loin.
    J’étais tombé sur cette citation (attribuée à Napoléon ?) en écrivant récemment un article sur le même sujet (https://wordpress.com/post/alainorsot.fr/296) : « La raison pour laquelle la plupart connaissent l’échec plutôt que le succès est qu’ils échangent ce qu’ils veulent le plus contre ce qu’ils veulent à un moment donné ».
    Pour alimenter le débat !

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